Acte troisième

Scènes 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7





Une gorge de montagne étroite et sombre dominée par le châteu de Stirling, bâti sur un rocher à pic. Il fait nuit.


Scène première
Bruce seul


Bruce
Oui, demain l’Écossais, libre, essuyant ses pleurs,
Au sein de sa famille oubliera ses malheurs,
Moi je fus père aussi! quel souvenir funeste!
Mes enfants! les bourreaux les ont tout égorgés!
O vous que j’ai perdus, quand vous serez vengés,
Nous retrouverons dans le séjour céleste!

ROMANCE

Anges sur moi penchés,
Dieu joint les c
œurs fidèles!
Ombres qui me cherchez,
Pliez vos ailes!

Mes doux trésors cachés
Au sein des nuits mortelles,
Vos pleurs seront séchés
Par les mains paternelles.
Ombres qui me cherchez,
Pliez vos ailes!


Scène deuxième
Bruce, Douglas, Dickson, une troupe de zingari et de jongleurs.


Douglas
(à Bruce, lui montrant au pied des remparts l’entrée d’un souterrain cachée par un rocher)
Cette route souterraine,
A la porte du Nord vous conduira sans peine.
Parmi ces bohémiens dans la place introduit,
Dickson, par force ou par adresse,
Nous y fera pénétrer cette nuit.

Bruce
Au péril de ses jours.

Dickson
Qu’importe!

Douglas
A minuit.

Dickson
A minuit.

Bruce
Que veux-tu pour signal?

Douglas
Que ce chêne embrasé nous serve de fanal.

(Dickson s’éloigne avec les bohémiens)



Scène troisième
Bruce, Douglas, chevaliers, montagnards et soldats écoissais


Les chevaliers et les montagnards
Point de bruit,
Armons-nous en silence.
Cette nuit
Nous promet la vengeance.

Le pur sang
De nos fils coule encore,
Bénissant
Les vengeurs qu’il implore.

Le flambeau
De la mort nous éclaire;
Au bourreau
Qui t’apporte la guerre,
Noble terre,
Ouvre enfin un tombeau!

(Pendant ce chœur, plusiers troupes de soldat écoissais passent en silence au pied du roc sur lequel s’élève le château. Bruce leur indique les différentes directions qu’ils doivent prendre, puis il sort avec Douglas, à la tête des chevaliers et des montagnards.)



Le théâtre représente une salle construite pour la fête dans la cour d’armes du château de Stirling.



Scène quatrième
Le roi d’Édouard et ses chevaliers s’avancent, la coupe à la main; des pages leur versent à boire. Des dames de la cour sont assises
et regardent la danse des bohémiens appelés à la fête, et parmi lesquels Dickson s’est introduit.
Le fond de la salle est fermé dans toute sa largeur par une riche draperie armoriée.


Les chevaliers
Bouvons, bouvons, il faut saisir,
Amis, les heures du plaisir;
L’ivresse
Caresse,
Ranime le désir.

Fêtons l’amour, chantons en chœur,
Du vin versé que la liqueur
Ecume
Et fume
Aux coupes du vainqueur!

Palais brumeux, nuages
Où Fingal dort au ciel,
A nous vos doux breuvages
De nectar et de miel!

Édouard
J’abdique ici; jusqu’à l’aurore,
Le plaisir seul est roi.
Que la beauté soumette encore
Les vainqueurs à sa loi!

Lorsque la guerre prend nos jours,
Gardons les nuits pour les amours!

Les chevaliers
Bouvons, bouvons, il faut saisir,
Amis, les heures du plaisir;
L’ivresse
Caresse,
Ranime le désir.

Fêtons l’amour, chantons en chœur,
Du vin versé que la liqueur
Ecume
Et fume
Aux coupes du vainqueur!


BALLET


Scène cinquième
Les précédents, Morton, puis Arthur


Morton
(interrompant les danses)
Sire! les Écoissais partout prennet les armes.

Tous
(excepté Édouard)
Les Écoissais!

Édouard
Pourqoui ce cri d’alarmes?
De les vaincre demain il sera temps encor.
Emplissez d’hydromel, pages, nos coupes d’or.

Morton
Du château de Douglas, je m’etais rendu maître...

Édouard
Eh bien?

Morton
Robert Bruce, peut-être,
En mon pouvoir serait tombé.

Tous
Robert Bruce!

Morton
Oui, mais un traître
A nos mains l’a dérobé.

Édouard
Ah! qui donc l’a sauvé?

Arthur
(paraissant)
C’est moi!

Édouard
Toi! misérable!

Arthur
Il était sans défense, innocent ou coupable.
Je ne l’ai pas livré, mais je tiens mon serment,
Et reviens ici vaincre ou mourir à mon rang.

Édouard
Ou, tu mourras, mais non d’une mort qu’on envie
Qu’on le désarme!

(Un officier des gardes s’avance auprès d’Arthur, qui tire son épée pour la lui remettre.)

A moi!
(prenant l’épée)
Je t’avais confié
Cette épée aujourd’hui par ton crime avilie...
Le bourreau brisera ton blason et ta vie.
Comme je brise ici ton honneur sous mon pié.
(il brise l’épée et la jette à terre)

Les chevaliers
Du traître qu’il soit fait justice!

Édouard
Que sous la hache à l’instant il périsse!

(Les gardes s’avancent; au milieu du mouvement, un cri se fait entendre, une femme perce la foule; c’est Marie.)



Scène sixième
Les précédents, Marie, Nelly


Marie
Arrêtez!

Arthur
Ah!

Marie
C’est moi,
Moi qui suis sa complice!
(à Arthur)
N’avais-je pas juré de mourir avec toi?


SEXTUOR

Puisqu’un destin barbare
A jamais nous sépare,
La mort qui se prépare
A toi saura m’unir.

Arthur
(au roi)
D’un dévoument sublime
Ne la rends pas victime!
Sa mort serait un crime,
C’est moi qu’il faut punir.

Nelly
Ciel! tout mon c
œur frissonne!
La mort les environne.
Ah! que le roi pardonne,
Il se fera bénir.

Édouard
Ah! ma vengeance est belle!
Tremble! Douglas rebelle!
Mon bras tombant sur elle,
C’est toi qu’il va punir.

Qu’à la mort on le conduise!
Et qu’à jamais son nom soit en horreur.
Son blason, qu’on le détruise,
Oui, sur l’infame il faut le déshonneur.

Marie
Le deshonneur!

Viens! barbare, prends sa vie
Prends la mienne, sers ta fureur!
Mais la honte, mais l’infamie
Est au lâche, à l’oppresseur!

A frapper ton bras s’apprête,
Mais redoute la tempête,
Je l’appelle sur ta tête!
Oui, sur toi honte et malheur!

Tous
Justice! justice!

Marie
Je brave le supplice,
Arthur est près de moi,
Le ciel dans sa justice
Nous vengera sur toi.

Édouard
Courez! qu’un prompt supplice
Soldats! fasse justice,
Au traître, à sa complice,
La mort! – Vengez le roi.

Arthur
Mon Dieu! que s’accomplisse
L’arrêt de mon supplice,
Mais seul que je périsse;
Oui, ne frappez que moi.


(Les soldats entraînent Arthur. Marie se précipite dans ses bras. Des trompettes résomnent au dehors.)

Morton
Les Écoissais!

Marie
(à Édouard)
Tremble à ton tour, bourreau!
C’est le signal! Robert est maître du château.

Édouard
Robert! vaines alarmes!
Nous le vaincrons ici.
Aux armes!

Marie
Trop tard! le voici!

(Le draperie du fond s’ouvre, et l’on aperçoit le rempart de la forteresse éclairée par un incendie.)




Scène septième
Les assiégeants montent aux créneaux. Morton apporte au roi un épée, les chevaliers cherchent leurs armes, les femmes courent avec effroi.
La porte de la muraille tombe sous la hache des assaillants, qui font irruption au milieu du tumulte.
Bruce et Douglas entrent l’épée à la main, suivis par les bardes et les chevaliers écoissais portant des bannières.
Les murs se couvrent de soldats et de montagnards avec des flambeaux. Marie tombe dans les bras de son père.


Bruce
Victoire!

Quelques soldats écoissais
(montrant Édouard)
Mort au bourreau!

Arthur
(se jette entre les soldats, et le roi, étendant la branche de chêne que Bruce lui a donnée comme un talisman)
Respectez ce rameau!

Bruce
(à Édouard)
Du roi d’Écosse enfin reconnais la puissance.

Édouard
Perdu par ma témerité!

Bruce
Écosse, à toi l’indépendance!

Marie
A Robert l’immortalité!

Tous
A Robert l’immortalité!


Choeur général. Reprise du chant des bardes.



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© DRG, 13. September 2001